Monthly Archives: novembre 2017

BD: trois sorties suisses !

L’événement est assez rare pour être mentionné : cet automne, trois dessinateurs suisses ont publié conjointement un ouvrage de science-fiction ! Et non des moindres… preuve s’il en est de la vitalité de la scène locale en bande dessinée depuis quelques années. Tour d’horizon des sorties de José Roosevelt, Christophe Dubois et Enrico Marini

Rêve ou réalité ?

Et de 11 ! Avec une régularité de métronome et du talent à revendre, José Roosevelt vogue sans coup férir sur les flots de sa série CE. Un volume intitulé La persistance de la mémoire, titre d’un tableau de Salvador Dalí que l’on va découvrir au sein de l’intrigue. Tout, dans CE, a son importance, même la traditionnelle dédicace, marquant à chaque fois « l’atmosphère » du volume. Elle est décernée cette fois à l’auteur états-unien Philip K. Dick, grand questionneur de la réalité et des mondes parallèles. Et c’est bien de cela qu’il s’agit ici. Dans les deux derniers tomes, les personnages principaux de la série avaient pénétré par des voies séparées au sein d’un monde virtuel, inventé par l’ambivalent Johan, pour y cacher la reine Victoria. Celle-ci retrouvée, il s’agissait pour Ce, Victoria, Alyss et les autres de retrouver le chemin de leur propre univers. Plus facile à dire qu’à faire. Mais Johan, en maître du jeu, a laissé des clés, des morceaux de pistes épars présents pour ceux qui veulent bien les voir. Mais qui trompe qui et qui tire les ficelles ?

Depuis le début de la série, chaque volume apporte son lot de réponses et de nouveaux mystères. Celui-ci n’y fait pas exception, même si les révélations commencent à se faire plus précises et le puzzle comporte de moins en moins de trous. On ne peut que s’ébahir une fois de plus du dessin du Lausannois José Roosevelt, très fin et gorgé de détails, avec toujours ces quelques planches en pleine page dont il a le secret. L’intrigue est désormais bien en place et, bien que l’on constate que l’action a largement cédé la place à la réflexion depuis deux volumes, on peut sentir la pression monter. Le dénouement, en effet, est attendu au chiffre 13…

José Roosevelt, CE, vol. 11, La persistance de la mémoire, les éditions du Canard, 2017, 60 PP.
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Sous la TER…

Après la surface, les profondeurs. Ce serait une manière parmi bien d’autres de résumer le scénario de ce 2ème volume de TER. Alors que la présence de Mandor, sorti d’un tombeau, continue d’agiter la communauté villageoise qui l’a recueilli, des tremblements de terre violents surgissent. Autant de signes qui pointent toujours plus directement vers cette ancienne prophétie dont certains voient en Mandor le légataire. C’est en tout cas lui qui dirigera les villageois en lieu sûr, au sein d’un crypte abandonnée et qui révélera son passage au sein des profondeurs de ce monde. Et le sous-sol en révélera un peu plus sur cette « TER » et les peuples qui l’habitent. Non sans mal d’ailleurs : l’album possède son lot de combats, de traîtrises et de tous ces éléments qui font qu’une prophétie, écrite bien longtemps à l’avance, ne se réalise jamais exactement comme prévu.

Mené par le graphisme sublime de Christophe Dubois, TER continue d’errer dans et hors des sentiers battus. Rodolphe nous surprend un peu plus en quittant les grands espaces découverts. On espère que l’histoire qu’il nous propose continuera de faire de même.

Christophe Dubois & Rodolphe, TER, vol. 2: Le Guide, éd. Daniel Maghem.
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Je suis ta fille, chauve-souris !

Un DC Comics made in Switzerland ? L’annonce avait de quoi étonner. Et de faire rêver tout autant. On ne peut que comprendre la réaction du Bâlois Enrico Marini quand le projet d’adaptation de l’homme chauve-souris lui a été proposé. « On ne dit pas non à Batman », c’est un fait. Et pour le coup, qui s’en plaindrait ?

The Dark Prince Charming marque le premier tome d’un diptyque qui voit une parfaite fusion entre l’univers de gros bras dont Marini s’est fait une spécialité (avec Gipsy, Rapaces, Le Scorpion, Les Aigles de Rome et bien d’autres titres encore) et le monde obscur de Gottham City. Tous les ingrédients sont là : un Wayne hautain et suffisant, un Joker cruel et romantique, une Catwoman forte et piquante… et de l’action à revendre.

L’histoire, plutôt bien menée, raconte comment Bruce Wayne se voit réclamer 100 millions d’arriérés de pension alimentaire pour une petite fille de 8 ans, dont il serait le père, fruit d’une rencontre d’un soir avec une serveuse de bar. Une fille qui va dès lors attirer l’attention de beaucoup. Le scénario, dans un mode polar, se rattache à l’esprit originel des comics américains. En cela, il contraste d’ailleurs un peu face au revival plus récent et cinématographique d’un Batman revisité. Mais ce qui marque, c’est indiscutablement le talent graphique de Marini, qui devient d’ailleurs le premier non anglophone à réaliser une histoire du héros chauve-souris. Les personnages, les couleurs, font merveilles et portent à elles seules ce premier tome. Enivrant !

Une montre HR Giger

La marque horlogère suisse Storm lance une montre en hommage à HR Giger. Le créateur suisse avait participé au projet peu avant son décès en 2014 – une de ses dernières créations en quelque sorte. Son nom : In Memoriam HR Giger.

 

Plus d’info sur le site de Storm.

Projection de Jodorowsky’s Dune

Réservez le 5 décembre ! L’AMDA organise une soirée de projection du documentaire Jodorowsky’s Dune au Cinélux à Genève en présence du réalisateur Frank Pavich. Le film, sorti en 2013, raconte le projet débordant d’ambition du réalisateur chilien et sa quête pour faire le plus grand film de l’histoire. Il réunissait des personnalités phares, des « guerriers spirituels » pour Jodorowsky, comme Dali, Mick Jagger, HR Giger, Moebius et devait révolutionner le cinéma et le monde avec lui… Rien de moins !

Un documentaire fascinant sur un film qui n’a jamais existé. Le film, porté de bout en bout par la personnalité hors-norme d’Alejandro Jodorowsky, n’était pas paru à l’affiche en Suisse. C’est avec beaucoup de plaisir que l’AMDA vous invite à le découvrir. C’est un documentaire qui ne laisse personne indifférent.

Rendez-vous à 18h15 au Cinélux ! Evénement ouvert à toutes et tous, réduction sur le billet d’entrée pour les membres de l’AMDA