Serge Pellé, artiste de la carte 2023

Un monolithe cristallin, expulsé de terre, et son vaisseau filamenteux venu l’observer. Ou l’exploiter peut-être ? Mystère, car la réalisation de la carte de membre 2023 a été confiée au dessinateur de bande dessinée Serge Pellé et lui seul saura ce qui se cache derrière le rocher. Un décor en tout cas qui rappelle volontairement Moebius, dont l’univers, avec ceux de Druillet et Mézières, fait partie des grandes inspirations SF et BD de l’artiste français.

Son parcours ne l’a jamais tenu très loin de la science-fiction : après avoir fait ses premières armes en bande dessinée au milieu des années 90, Serge Pellé a travaillé (brièvement) dans la pub, puis comme game designer chez Ubisoft (rappelez-vous le jeu de course futuriste P.O.D.), et dessinateur de story board pour la série d’animation (de SF, encore) Malo Korrigan, diffusée au début des années 2000 sur M6. C’est donc non sans un certain bagage professionnel qu’il revient aux cases en 2006, avec les débuts de la série Orbital (éditions Dupuis), scénarisée par le prolifique Sylvain Runberg, alors au tout début de sa carrière.

Carte 2023 – Serge Pellé

Dans ce space opera bien rythmé, un duo de diplomates issus de deux civilisations ennemies doit maintenir la paix au sein d’une ONU du futur. On y retrouve un univers riche, mis en valeur par un scénario politique très actuel. La série, qui compte 8 tomes, fait partie des toutes bonnes sorties en SF de ces dernières années, et le dessin de Serge Pellé n’y est pas étranger. Loin de la froideur des aplats numériques, le trait de Serge Pellé fourmille de détails et nous imprègne de son ambiance, sur la terre et dans la poussière des planètes minières et autres marécages luxuriants des mondes plus aquatiques. On appréciera particulièrement ses vaisseaux organiques, parfois même vivants – comme celui dessiné pour la carte.

L’an dernier, la série a connu un spin-off, Outlaws, dessiné par Eric Chabbert. Il faut dire qu’entre-temps, Serge Pellé s’est consacré à l’adaptation d’une nouvelle de Liu Cixin, Les migrants du temps, toujours avec Sylvain Runberg, qui sortira cette année dans la toute jeune collection des éditions Delcourt dédiée à l’auteur chinois. Mais l’envie de retrouver Orbital après cette pause bienvenue est bien là, nous confie Serge Pellé au téléphone. Quatre nouveaux tomes pointent à l’horizon. L’aventure est loin d’être finie.

Vincent Gerber

Mars est à notre porte !

Amateurs et amatrices de voyages extraordinaires, ça y est, nous y sommes (presque) !

L’inauguration de la première Porte des étoiles, ou « Stargate », a eu lieu les 27 et 28 août 2022 à Flumet, en Savoie. Nous devons ce fabuleux accomplissement aux membres de l’association « Les Enfants de MacGyver », qui travaillaient sur ce projet depuis 2010 et que vous avez peut-être eu le plaisir de rencontrer lors de l’AG 2018 de l’AMDA.

Cette porte des étoiles permet-elle vraiment de voyager instantanément entre les planètes ? Bien sûr ! Enfin, presque certainement. Il a bien entendu été impossible de la tester en conditions réelles pour l’instant, puisqu’il n’y a, à notre connaissance, qu’une seule porte des étoiles en activité.

Cependant, pas d’inquiétude, selon des sources extrêmement fiables trouvées sur internet, la NASA s’apprêterait à construire une deuxième porte identique à la première… sur Mars ! La planète rouge pourrait ainsi nous être prochainement aussi accessible que notre propre salle de bain !

P.S. : Nous rappelons à nos fidèles lecteurs et lectrices que l’achat de billets sur des sites non officiels est fortement déconseillé.

Pour plus d’informations : www.emg-team.fr

© Les Enfants de MacGyver

Prix de l’Ailleurs 2023. Thème: Robotisée

Le prix de l’Ailleurs lance sa 6ème édition.

La robotisation sera-t-elle le fait marquant du 21ème siècle ? Robotisée, notre société l’est, et de plus en plus : des processus industriels avancés à la domotique du quotidien, des engins connectés aux drones multifonctions. Que change-t-elle à notre société ? Que, ou plutôt qui, remplace-t-elle ? Et d’ailleurs, la robotisation a-t-elle un genre ? Les robots s’adapteront-ils (ou elles…) toujours à nous ou serons-nous progressivement amenés à nous adapter à eux ? Car ce que nous déléguons à des machines, sensées être rationnelles et neutres, sera-t-il indéfiniment compatible avec notre subjectivité si aléatoire et émotionnelle ? Ces questions ne manqueront pas de se poser.

Le prix de l’Ailleurs retrouve là un des grands thèmes de la science-fiction, qui anticipe depuis des décennies l’avènement de cette avancée technologique – dans ses avantages et ses inconvénients. Une approche qui encourage à se pencher sur les conséquence, bien humaines elles !, de cette robotisation, et les visions du monde qui peuvent découler d’une telle évolution et de sa nécessaire remise en question.

Conditions de participation

Le concours est ouvert à toutes et à tous, auteur·e expérimenté·e ou en expérimentation, auteur·e basé·e en Suisse ou à l’étranger. Les textes retenus feront l’objet d’une publication aux éditions Hélice Hélas. Les auteurs des textes sélectionnés seront contactés personnellement.

  • Les propositions de textes, d’une longueur de 10’000 à 30’000 signes (espaces compris), sont à envoyer par mail à prix@ailleurs.ch au plus tard le 31 janvier 2023 à minuit. Les textes doivent être originaux et libres de droit et relever du genre de l’imaginaire.
  • Merci de mentionner vos coordonnées (nom, prénom et adresse) dans le corps du mail, et non dans le texte lui-même afin de garantir une redistribution anonyme au jury.
  • 10 textes seront sélectionnés pour la publication d’un ouvrage aux éditions Hélice Hélas.

Toutes les information sur le site internet du prix :

L’AMDA invitée de Redline Radio

Dimanche 29 mai, une partie du comité de l’AMDA (et un de ses membres d’honneur) étaient invités de l’émission « Les Trois Mousquetaires » de Redline Radio à Genève. Une émission à retrouver en vidéo !

Jean-Paul Faisant (1937-2009)

Ce n’est que l’année passée que nous avons appris le décès, en 2009, du peintre valaisan Jean-Paul Faisant. Ce « peintre hyperréaliste de science-fiction » comme il se présentait lui-même semble bien oublié aujourd’hui (on ne trouve pratiquement rien sur Internet). Il figure toutefois dans l’encyclopédie de Pierre Versins (1). Il était aussi passionné d’astronomie et d’ovnis et j’ai l’impression qu’il était mieux connu des ufologues que des fans de SF. Faisant avait participé à de nombreuses expositions, y compris lors de conventions de SF (Angoulême 1975, Poznan 1976, Limoges 1977, Miami Beach 1977, Yverdon 1978, Brighton 1979), et la qualité de ses tableaux était reconnue par la NASA.

Ses parents, Paul et Eva Faisant ainsi que les frères de Paul émigrèrent à Béziers (Hérault) dans les années 1930. C’est là que naît Jean-Paul Faisant, le 29 mai 1937. Mais il n’y reste que deux ans puisque sa famille revient à Martigny en 1939. Il commence l’école de Martigny-Ville le 18 septembre 1944. En 1947 (année où démarre le phénomène ovni), il gagne son premier concours de dessin à l’âge de dix ans. Il fréquente ensuite l’École des arts et métiers de Vevey, obtient son CFC de dessinateur en bâtiments en 1957, décroche ensuite son diplôme de dessinateur-architecte à Sion, puis étudie les beaux-arts à Lausanne et Toulouse. Il travaille quelques années dans l’architecture, puis, à partir de 1965, se consacre entièrement à la peinture. Jusqu’en 2003, il enchaîne les expositions, surtout en Valais, mais aussi ailleurs en Suisse (Zurich, Lausanne, Genève…) et à l’étranger (Carcassonne, Brescia, Paris, Cannes, Lyon, Deauville…).

Cataclysme extra-terrestre, 7e allégorie apocalyptique, 1967 (huile sur toile, 195 x 130 cm, © photo Guillaume Faisant).

Sa première toile SF, « Les éléments créateurs », date de 1965. Mais c’est deux ans plus tard qu’il peint son tableau le plus célèbre, « Cataclysme extra-terrestre ». Surpris par un orage alors qu’il se trouve en compagnie de son frère dans le Parc national, aux Grisons, il voit la foudre se déchaîner. Il s’inspire de ce spectacle pour peindre ce tableau (2).

Jean-Paul Faisant a reçu plusieurs distinctions pour son œuvre : médaille d’argent au 9ème Concours de l’exposition internationale Europa Artistica à Brescia en 1974, prix spécial du 3ème Congrès européen de SF à Poznan en 1976, médaille de vermeil de la Société académique Arts-Sciences-Lettres à Paris en 2000, médaille d’argent des Métiers et des Arts de la Renaissance française à Paris en 2001.

Jean-Paul Faisant à côté de son tableau « Cataclysme extra-terrestre » en 1975 (© photo Oswald Ruppen).

Côté ovnis, il était membre d’honneur de la Commission d’Études Ouranos et, en décembre 1979, il avait créé à Martigny le groupe ufologique Les Infra-Réels (IR). J’étais allé le trouver dans son atelier, à Martigny, en mars 1995. C’était un vrai capharnaüm : des tableaux partout, des livres et magazines empilés, des coupures de journaux (sur les ovnis ou le concernant) qui jaunissaient, des pinceaux et couleurs, etc. Faisant avait un caractère bien trempé, un peu bourru, mais très sympathique. Il était très fier d’un de ses tableaux, « Les volcans de Triton », peint en 1983, car la sonde Voyager 2 ne découvrit l’activité volcanique de ce satellite de Neptune que six ans plus tard.

Côté sportif, Jean-Paul Faisant pratiquait l’escrime (3). Grand voyageur, il a visité les États-Unis, l’Alaska, Hawaï, le Canada, le Mexique, l’Argentine, le Chili, le Brésil et l’Europe. Il en a ramené des milliers de diapositives stéréoscopiques View-Master montrant des paysages à différentes heures de la journée. Faisant y puisait son inspiration pour ses peintures. Il est resté célibataire et n’a pas eu d’enfants. Il est décédé d’un cancer le 23 juillet 2009 à Martigny, à l’âge de 72 ans.


Bruno Mancusi


(1) Pierre Versins, Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction, 2e éd., L’Age d’Homme, Lausanne 1984, p. 664.
(2) Bernard Giroud, Gazette de Martigny, 23 octobre 1975.
(3) Bernard F.-J. Claret, Confédéré, n° 30, 4 septembre 2009.


Merci à sa nièce Yasmine Gross et à son frère Bernard Faisant. Et, surtout, un grand merci à son neveu Guillaume Faisant pour sa disponibilité, sa gentillesse et ses précieux renseignements sur son oncle !

Dans la galaxie d’Andromède, 411e allégorie apocalyptique, 2003 (acrylique sur toile, 146 x 114 cm, © photo Guillaume Faisant).



Jef Bertels, un univers à part

Elle s’appelle « Ancêtre », ou « Voorouder » dans le flamand natal de son concepteur. Une toile impressionnante de 100 cm sur 73 sur laquelle s’est porté le choix de Jef Bertels pour illustrer la nouvelle carte de membre de l’AMDA.

Carte 2022 – Jef Bertels

On connaît peu Jef Bertels dans le milieu. Il n’apparaît pas dans les couvertures des éditions francophones, tout au plus les amateurs de rock l’auront-ils découvert à travers le groupe Ayreon, dont il a longtemps illustré les pochettes. Dommage, car son talent n’a rien à envier aux Foss, Howe, Siudmak, Manchu et autres H.R. Giger. Né en 1961, l’homme associe la minutie d’un Druillet à l’univers personnel d’un Giger, en moins torturé, mais non moins prenant et percutant. Que ce soit à l’huile, comme pour l’Ancêtre, ou à l’aquarelle, on retrouve des paysages, parfois désertiques, parfois peuplés de créatures étranges et de vaisseaux comme marqués par les âges, ou rongés par la rouille. « J’essaie de vous fasciner visuellement avec une beauté étrange et intrigante » raconte l’artiste, qui cherche dans ses toiles à transmettre une forme d’énergie. C’est réussi, dans ce contraste entre le calme de la séquence et la force d’évocation qui en émane et qui à eux seuls raconte des histoires.

L’imagination de Bertels fait la part belle aux détails. Cette minutie représente une des caractéristiques de ses œuvres, même dans les petits formats, et doit beaucoup à l’inspiration libre. Partir d’une expression, d’une image d’un livre, et laisser dérouler l’imagination. « Parce que mon univers est détaillé, les gens ont parfois l’impression que c’était construit à l’avance. Pourtant, ma composition est pour une bonne part, basée sur le plaisir de griffonner sans réfléchir, et ensuite, y aller rechercher des formes et idées intenses. » Une toile à l’huile comme l’Ancêtre demande plusieurs mois de travail, notamment en raison du temps de séchage des différentes couches, ce qui permet à Bertels de travailler sur plusieurs tableaux à la fois. Pour autant, l’artiste n’a pas été porté par les appels du numérique. Le fait main, la peinture, c’est ce qu’il aime, avoue-t-il. Toucher la matière autant que les gens. Avec le plaisir pour le spectateur du grain, de la couleur et du relief qui émane du tableau.

L’attrait du peintre flamand pour la science-fiction ne date pas d’hier. La bibliothèque d’un père passionné lui ouvre la porte des grands classiques : Asimov, Frank Herbert, Larry Niven, Clifford Simak… Il cite encore, découvert plus récemment, le cycle de la Culture de Iain M. Banks. « Si j’étais obligé de choisir un seul écrivain, nous déclare-t-il, je dirais Arthur C. Clarke. Sa façon d’exprimer la poésie de la science m’inspire toujours. »

Jef Bertels, La Roche-sur-Foron, 2021. Photo: AMDA.

On peut voir dans l’Ancêtre une œuvre forte de puissance, de couleurs et de douceur également. Le hors-normes de l’extra-terrestre se mêle ici à une touche d’amour filial. Une forme de tendresse particulière, rugueuse et caractéristiques des mondes organiques sur lesquels s’attarde depuis longtemps le peintre. « Les soi-disant portraits, portraits de groupe ou de créatures, sont une tentative de couler les organismes, les caractères et les sentiments dans des formes musclées. Les réactions du public sont très différentes, de ‘atroce’ à ‘tendre et plein d’amour’ pour la même œuvre. »

Et vous, qu’avez-vous ressenti en découvrant cet œil bleu qui vous regarde ?

www.jefbertels.com

Vincent G.


[Les citations de cet article sont issues de l’artbook, Secrets quotidiens d’un univers et d’échanges avec
l’auteur.]

Écologie et ingérence humanitaire en 1957

La Fête du livre 2021 a eu lieu le dernier week-end d’août à Saint-Pierre-de-Clages. Un vendeur proposait d’anciens numéros de Fiction et Galaxie. Dans l’un d’eux, une nouvelle qui collait pile-poil avec la situation de l’été 2021, marquée par le dérèglement climatique, les menaces sur la biodiversité, une pandémie causée par un virus délogé de son milieu naturel et le retrait des troupes américaines d’Afghanistan (excusez du peu…).

Il s’agit d’« Entre le tonnerre et le soleil » de l’écrivain et anthropologue américain Chad Oliver (1928-1993), traduit par Arlette Rosenblum et publié dans Fiction n° 94, septembre 1961, pp. 3-47 (titre original : « Between the thunder and the sun », 1957). L’humanité a découvert une autre planète habitée. L’ONU (dans les années 1950-60 on disait « les Nations-Unies ») a édicté une loi : nous n’entrons en contact qu’avec des civilisations ayant un niveau comparable au nôtre. On a trop vu ce qu’ont donné la « découverte » de l’Amérique et la colonisation ! Plus jamais ça ! Mais là, pas de problème : cette planète a un niveau comparable au nôtre. On échange et commerce avec elle.

Voilà qu’on en trouve une deuxième, autour d’Aldébaran : cette fois-ci les indigènes sont primitifs, donc pas touche. Mais… ces indigènes sont en train de mourir de faim, peut-on rester là les bras croisés ? Bien sûr que non, il faut faire quelque chose, on va les sauver (air maintenant bien connu en Afghanistan, Irak, Libye…) ! On équipe donc une fusée avec un équipage et des scientifiques (ces derniers et les officiers peuvent emmener leur femme avec eux). Tous les gouvernements sont au courant, mais pas le bon peuple, qui doit continuer à croire qu’on respecte le devoir de non-ingérence. L’équipe décolle donc la fleur au fusil. Sur place, l’écologue (orthographié « œcologiste ») découvre ce qui a mal tourné sur cette planète : les indigènes collectionnent les crêtes de piverts, qui sont un signe de richesse. Or, les piverts mangent les insectes qui rongent les arbres. Donc si on massacre les piverts, les insectes xylophages prolifèrent, la forêt se meurt, les incendies font le reste et l’érosion s’attaque aux champs cultivés. On élève donc des piverts et on plante des milliers d’arbres : les zones traitées commencent à reverdir. La mission humanitaire terrienne semble en très bonne voie…

Bien sûr, un grain de sable va enrayer ce mécanisme bien huilé. Les jeunes hommes célibataires composant l’équipage flirtent avec les belles indigènes. La tribu observe avec réprobation, sans oser intervenir. Un jour, deux Terriens ivres s’en prennent à la fille d’un notable, qui meurt. Aussitôt, la tribu se soulève, massacre quatre Terriens et en capture un cinquième. Les indigènes l’amènent vers la fusée afin de le sacrifier. Pour le libérer, un rayon jaillit de la fusée et fait une centaine de morts. Il ne reste plus aux Terriens qu’à décoller la queue entre les jambes.

Comme d’habitude dans ce genre d’histoire, il y a un complot : quelqu’un savait depuis le début ! Qui ça ? Le représentant de l’ONU, auquel l’auteur donne le nom de Benito Moravia. C’est lui qui a soigneusement sélectionné l’équipage de manière à ce que la mission dérape. Son but : démontrer la validité de la règle de non-intervention !

Entre la peste et le choléra, le marteau et l’enclume ou le tonnerre et le soleil, que choisir ? L’auteur ne tranche pas et ne condamne pas non plus Moravia. Le lecteur peut aussi imaginer la suite de l’histoire :

  • Les indigènes vont-ils apprendre de leurs erreurs et cesser de massacrer ces pauvres piverts ?
  • Les Terriens vont-ils se le tenir pour dit et respecter dorénavant la clause de non-intervention ?

Notons enfin que le talent de visionnaire de Chad Oliver a ses limites. C’est ainsi qu’il n’a pas vu arriver l’émancipation féminine : les femmes embarquées dans la fusée n’ont pas de fonction dans l’expédition, elles ne font qu’accompagner leur mari. D’autre part, on se demande si l’auteur ne donne pas dans l’humour noir involontaire lorsque le narrateur (anthropologue comme l’auteur) suggère au chef de la tribu de remplacer les crêtes de piverts par des pièces d’or, premier pas vers le capitalisme qui n’a pas apporté que des bienfaits à l’environnement de notre planète…

Bruno Mancusi

Dune, multiunivers culturel

Dune, planète de sable… Rarement un lieu aussi désertique n’aura inspiré tant d’acteurs culturels. Le film de Villeneuve a envahi les salles obscures et nos esprits au moment de rédiger ces lignes. Le dernier maillon en date de la chaîne, plutôt longue, d’inspirations artistiques issues de l’œuvre phare de Frank Herbert.

Contrairement à bon nombre d’univers franchisés, la particularité de Dune est d’avoir marqué et connu des succès forts hors de son médium originel. Frank Pavich a rappelé dans un documentaire combien la tentative avortée de Jodorowsky d’adapter Dune eut une influence durable sur le cinéma de SF. D’Alien à Star Wars, en passant par Flash Gordon et quelques autres. Mais Dune connut une belle vie bien au-delà du 7ème art. En jeux vidéo notamment, où cinq adaptations verront le jour en une décennie seulement.

Tout commence en 1992, quand les studios français Cryo Interactive lancent Dune en jeu vidéo. Et c’est bien de la version de Lynch qu’ils s’inspirent, reprenant ses créations « anhistoriques », comme les « modules étranges », tout en reproduisant en pixels plusieurs membres du casting, dont une Dame Jessica copie conforme de l’actrice Francesca Annis. Le jeu va marquer, car il innove dans l’histoire du jeu vidéo en mêlant aventure et stratégie en temps (semi) réel. Un exemple sans doute unique en son genre, jusqu’à aujourd’hui encore. Le titre de premier jeu de stratégie en temps réel lui sera néanmoins volé par son dauphin, Dune II, sorti droit derrière, mais aux studios Westwood. Un titre qui améliore le genre, préfigurant l’arrivée déferlante des Warcraft et autres Command & Conquer.

L’histoire ne s’arrête pas là. Le Dune de Cryo a aussi marqué par ses musiques. Leurs auteurs iront jusqu’à les produire sous le nom d’Exxos. Ce sera Dune : Spice opera (1993), un album de musique trans, envoûtante, marquée par les synthés et les effets numériques de l’époque. Une pratique courante au Japon : on pense au groupe Black Mages, formé autour de Nobuo Uematsu qui interprète version rock ses propres compositions de Final Fantasy. Mais une première en France…

Le phénomène Dune est celui des poupées russes : un livre inspire un film, qui inspire un jeu vidéo, qui inspire des musiciens, qui peut-être à leur tour ont inspiré d’autres artistes. De quoi nourrir des attentes après le film de Villeneuve… L’épice, visiblement, ne permet pas que d’entrevoir le futur. Elle stimule l’imagination créatrice.

Vincent G.

Roosevelt : l’exposition Variations en vidéo

Retrouver l’artiste suisse José Roosevelt à l’œuvre en dédicace. Une vidéo enregistrée à l’occasion de son exposition Variations, à la Galerie Achetez de l’art à Paris.

Soirée sorties SF suisse 2021

L’AMDA organise le dimanche 28 novembre la 2ème édition de la soirée des auteurs et autrices suisses de SF. Réunir les œuvres suisses de l’imaginaire publiée dans l’année, et celles et ceux qui leur ont donné vie. Une façon de contribuer à la (re)connaissance de la production locale.

L’événement se tiendra à la Maison d’Ailleurs (Espace Jules-Verne). Il est public et nous vous invitons à nous rejoindre. Vous trouverez sur notre site les écrivain.e.s invités et potentiellement présents.

L’événement doit se faire sur réservation (info[AT]amda.ch), avec des places limitées à 30 personnes.


Programme de la soirée :

18h00 : Accueil et présentation de l’AMDA
18h15 : Tour d’horizon des différentes œuvres publiées dans l’année
19h30 : Apéritif

Au plaisir de vous y retrouver !

L’AMDA