Le podcast de la Maison d’Ailleurs

« Si ce monde vous déplaît… » derrière ce titre inspiré de Dick, la Maison d’Ailleurs lance une série de podcast dédiés aux œuvres et thèmes phares de la science-fiction. A découvrir sur le site du musée, rubrique Podcast.

Ciné-blabla : Starship Troopers

Engagez-vous qu’ils disaient ! L’AMDA vous convie à (re)voir Starship Troopers, de Paul Verhoeven, dans le cadre du Ciné-blabla, ce vendredi 15 octobre à l’Espace Jules Verne. La soirée, payante et sur réservation, comprend un apéritif et une introduction par Charles-Antoine Courcoux, de la section cinéma de l’UNIL. Le film sera suivi par un débat. Embarquement à 18h30 sur place, il y a de la place pour toutes les recrues…

Colloque HR Giger

L’UNIL et la Maison d’Ailleurs organisent les 7 et 8 octobre prochain un grand colloque international autour de la figure de l’artiste suisse H.R.Giger.

Colloque international « Les mondes de H.R. Giger, entre littératures et arts »

Jeudi 7 et vendredi 8 octobre 2021, Université de Lausanne

Appel à contributions

Hans Ruedi Giger (1940-2014) est sans nul doute l’un des artistes suisses les plus célèbres au monde, depuis qu’il a conçu les décors et les créatures, notamment des films Alien et Dune. Mais il y a un Giger d’avant Alien également. Son œuvre comprend des peintures, des dessins, des sculptures, des objets de design ou encore des bandes dessinées, sans compter les multiples déclinaisons de son univers sur le plan mondial. C’est aussi un artiste pétri de littérature fantastique et de science-fiction, qui a souvent rendu hommage à l’un des maîtres du genre, H.P. Lovecraft. C’est la première fois que son œuvre est proposée comme enseignement à l’Université en Suisse et qu’un colloque international lui est consacré dans une université. En effet, parmi les nombreuses publications consacrées à l’artiste, les études scientifiques font figure d’exception. Ce colloque se propose de commencer à combler cette lacune.

Programme de l’événement

Carte membres 2021: Zim & Zou

Derrière un patronyme énigmatique et un logo un brin ésotérique se cachent non seulement deux artistes français, mais surtout beaucoup de talent. Thibault Zimmermann et Lucie Thomas sont sculpteurs, sculpteurs de papier. Un art original, que ces jeunes artistes ont poussé très loin avec un grand souci du détail. Leur style artistique, marqué par des couleurs pastel et une forme de « relooking » d’objets du quotidien, leur a valu une reconnaissance internationale. En dix ans, ils ont présenté leurs œuvres à Dubaï, Londres, Séoul, Taipei… C’est non sans fierté que l’AMDA les accueille pour illustrer la carte de membre de cette année, tant les images évoquées par leur travail se nourrissent de l’imaginaire – et le nourrissent en retour.

Qui sont Zim & Zou ?
Nous sommes un duo d’artistes basés en Dordogne. Nous avons commencé à travailler ensemble après nos études de graphisme. Sous le nom de Zim & Zou, nous réalisons des sculptures en papier depuis maintenant plus de 10 ans. Notre univers très détaillé, coloré et onirique s’inspire de beaucoup de domaines différents avec une prédilection pour la nature, la technologie et les animaux. Notre pratique pourrait en quelque sorte s’apparenter à du kirigami, cet art ancestral japonais de la découpe du papier.

On vous retrouve exposés dans le monde entier. Comment vous êtes-vous fait connaître ?
Notre premier projet en papier s’appelait « Back to Basics » ; nous y reproduisions des objets mythiques des années 80 en reprenant un code couleur très flashy. C’était pour nous une manière de montrer une certaine obsolescence technologique de plus en plus rapide de nos jours… Il était d’ailleurs très amusant de reproduire le Dynatac 8000, le tout premier téléphone portable au monde. Il faut se rendre compte de la taille que faisait cet engin ! Après avoir diffusé ce projet sur Internet, nous avons eu beaucoup de retours positifs et une première commande qui en appela d’autres par la suite. Depuis, nous travaillons à la fois pour des clients (dans des domaines très variés) et nous nous efforçons de continuer à créer des œuvres beaucoup plus personnelles. 

Carte 2021 – Zim & Zou

Quel sens donnez-vous au projet « Exodus » ? Qu’est-ce qui l’a inspiré ?
« Exodus » est notre dernier projet personnel. Cela faisait longtemps que nous avions une profonde fascination pour les dirigeables et nous avions vraiment envie de travailler sur ce sujet. C’est troublant de voir ces colosses du ciel voler dans les airs, avec toute la fragilité et le danger qui les entourent (pour ne citer que la catastrophe du Hindenburg en 1937 dont les images sont plus qu’impressionnantes). Il y a là un vrai côté surnaturel. Au-delà de l’objet lui-même, nous voulions surtout aborder le thème du voyage, comme la recherche d’un ailleurs, la quête de découverte. Le terme d’exode donne un sens particulier à ce voyage, comme si un événement avait contraint la flotte à partir pour ne jamais revenir. Quelque chose à la limite du post-apocalyptique, où les dirigeables seraient bloqués dans un mouvement sans fin. Nous voulions vraiment que chaque sculpture ait une identité très forte, comme dans un groupe d’aventuriers où chaque personnage possède un caractère tranché – et bien sûr son utilité par rapport au groupe.Le sens du détail est assez incroyable.

Quelle taille font les arches volantes d’Exodus ?
Nous voulions avoir différentes tailles de dirigeables, comme pour créer une sorte de hiérarchie visuelle et dynamiser l’ensemble. La plus grosse pièce, au centre, mesure 70 cm de long et à peu près 35 cm pour le plus petit. Le temps passé est assez important pour ce projet car nous avions à cœur de pousser le détail assez loin. Il y a en effet beaucoup de petites choses qui ne se voient pas forcément au premier coup d’œil comme des trappes creusées, des bandes de fils d’un millimètre, des écrous, etc. Je pense que pour l’en-semble du projet nous avons mis environ 3 mois.

On y voit une influence steampunk. D’autres de vos créations visent également dans un design rétro (Game Boy, caméra super-8, usine à cadrans et boutons…). Le passé est plus inspirant que le futur pour les artistes aujourd’hui ?
En effet, l’univers steampunk a été un moteur pour nous tout au long du projet tant dans son imagerie que par son esprit très DIY (Do It Yourself). Le passé est effectivement une grande source d’inspiration (notamment le sentiment de nostalgie), mais le futur l’est tout autant, même si cela se voit peut-être moins dans nos réalisations ! Le futur se nourrit du passé et vice-versa. Les deux sont liés et s’alimentent par leurs projections. C’est certainement pour cela que nous avons une réelle fascination pour les univers « parallèles », où par exemple l’industrie et la technologie auraient pris une tout autre direction en l’absence de pétrole ou de l’informatique. Au même titre que nous trouvons passionnant d’imaginer un monde hyper technologique où le corps est augmenté au point de se demander si l’individu n’est pas désormais plus proche du robot que de l’être humain.

D’autres œuvres, comme « Sharing Worlds », sont également inspirées de romans. Avez-vous un lien particulier avec la littérature, qu’elle soit ou non de science-fiction ?
Le projet « Sharing Worlds » a été réalisé pour le Musée du Prix Nobel de Stockholm dans le cadre d’une exposition à Dubaï. Nous devions réaliser deux sculptures sur deux romans : Kristin Lavransdatter de Sigrid Undset et Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. C’était très stimulant de devoir donner notre vision de ces romans, l’image qui nous restait en tête après les avoir lus. Pour ma part, mis à part mon bac littéraire, on ne peut pas vraiment dire que j’aie un lien particulier avec la littérature, au-delà de l’affectif bien sûr. Les livres sont et resteront un support que nous chérissons, car il y a quelque chose de très personnel lors de la lecture. La manière de vivre le récit et de s’imaginer les personnages, les décors, sans mot dire, est beaucoup plus personnelle qu’un film où l’on doit faire avec les images qui nous sont montrées. Même si le parti-pris cinématographique est aussi très intéressant ! En fait nous aimons toutes les formes de divertissement, du moment qu’elles nous emportent ailleurs (petite mention pour les jeux vidéo). Et quoi de mieux que la science-fiction pour s’imaginer ailleurs ! Personnellement, j’ai beaucoup lu les romans de Dan Abnett avec notamment la trilogie sur Eisenhorn ou de Graham McNeill autour de l’univers de Warhammer (et d’autres romans de la Bibliothèque Interdite qui m’ont beaucoup marqué). Actuellement, je suis sur La Horde du contrevent d’Alain Damasio, une merveille.

Site internet : www.zimandzou.fr

Article paru dans le D’Ailleurs Info N°34, janvier 2021.

Coup de cœur : Terra Ignota, d’Ada Palmer

An 2454.
Trois siècles après des évènements meurtriers ayant remodelé la société, les concepts d’État-nation et de religion organisée ont disparu. Dix milliards d’hu-mains se répartissent ainsi par affinités au sein de sept Ruches aux ambitions distinctes. Paix, loisirs, prospérité et abondance définissent ce XXVe siècle aux atours d’utopie. Qui repose toutefois sur un équilibre fragile. Mycroft Canner le sait mieux que personne…
Coupable de crimes atroces, condamné à une servitude perpétuelle mais confident des puissants, il lui faut enquêter sur le vol d’un document crucial, la liste des principaux influenceurs mondiaux, dont la publication annuelle ajuste les rapports de force entre les Ruches. Surtout, Mycroft protège un secret propre à tout ébranler : un garçonnet aux pouvoirs uniques, quasi divins. Or, dans un monde ayant banni l’idée même de Dieu, comme accepter la survenue d’un miracle ?

Née en 1981, Ada Palmer est doctorante en histoire de l’Université de Harvard, avec une spécialisation pour la période « Renaissance » et enseigne à l’Université de Chicago. Elle arrive dans le monde de la SF avec un premier roman (Too Like the Lightning, 2017). Lauréate au prix Astounding pour le meilleur nouvel écrivain 2017, elle a également été nommée pour le prix Hugo du meilleur roman 2017.

L’auteure nous emmène dans un récit contemplatif, critique de notre société contemporaine. Le monde y est écologiquement stabilisé, la distinction entre hommes et femmes ne se fait plus qu’au travers de pronom neutre pour qualifier une personne, les frontières sont inexistantes, et l’athéisme est la seule « religion » qui a cours. L’utopie du monde post-moderne a été atteinte.
Ada Palmer nous brosse ici la face sombre de ce monde que l’on pourrait imaginer idyllique, or il n’en est rien.Construit sur le ton du langage du XVIIIe siècle, apparenté aux dialogues de Jacques le Fataliste de Diderot, on suit Mycroft Canner, le valet de toutes les puissances, enchaîné à ses crimes passés, qui ne dort que quand on le lui dit. Le récit se déroule sur deux plans. Tout d’abord l’enquête de Mycroft pour retrouver la liste des influenceurs et les conséquences politiques et sociétales s’il venait à échouer, ainsi que le secret qu’il cache : un enfant aux pouvoirs divins, alors que le monde autour de lui a banni l’idée même de Dieu.

Plus qu’un récit de SF convenu, Trop semblable à l’éclair dépeint une société (peut-être en devenir ?) qui a muté et s’est défaite de ses peaux sclérosées, mais qui en dessous retrouve ses anciens travers. Cette course effrénée au pouvoir, à la dissimulation, aux intrigues, permet à l’auteure de philosopher sur le statu théologique d’une société athéiste.

Trop semblable à l’éclair apporte une richesse éblouissante dans le paysage SF, d’une profondeur incroyable et qui peut être comparé au Dune de Frank Herbert.Le texte souffre parfois de certaines longueurs, mais permet au lecteur de s’immerger dans cet univers foisonnant, dense, et dont les questions philosophiques et théologiques ne sauraient être évitées alors que se construit le monde de demain.

Terra Ignota, vol.1 : Trop semblable à l’éclair, éd. Le Bélial, 2019.
Terra Ignota, vol.2 : Sept redditions, éd. Le Bélial, 2020.
À paraître en 2021 : Terra Ignota, vol.3, aux éditions Le Bélial.

Article paru dans le D’Ailleurs Infos N°34, janvier 2021.

Procrastination, des conseils pour créer des mondes

Podcast original dirigé par des pointures du milieu de l’imaginaire et dédié aux techniques d’écriture, Procrastination a été propulsé sur les ondes en 2016. Sa particularité : se limiter à 15 minutes par épisode, s’inspirant directement et sans le cacher du format du podcast américain « Writing excuses », avec un accent mis sur les littératures de l’imaginaire.

L’avantage est que le format a fait ses preuves : 15 minutes, un thème, point. Le tout s’écoute facilement sans demander de bloquer une période de temps conséquente « parce que vous avez autre chose à faire », comme le rappelle l’introduction. Et c’est plutôt vrai. L’autre attrait, c’est qu’en réunissant autour de la table Lionel Davoust (auteur orienté fantasy, avec Les Dieux sauvages), Mélanie Fazi (réputée pour ses nouvelles de fantastique) et Laurent Genefort (inspiré autant par le space opera que la fantasy), il propose un panel d’avis et d’expériences personnelles réellement enrichissant – et assez complémentaire. Aîné du groupe, Laurent Genefort fait partager une expérience de près de 40 ans d’écriture, avec une recherche théorique importante, tandis que Mélanie Fazi témoigne d’une approche plus intuitive dans son rapport au texte. Lionel Davoust se reconnaît lui comme « structurel », devant penser son texte en profondeur avant de pouvoir l’écrire. Avec l’arrivée d’Estelle Faye lors de la 4e saison, en remplacement de Genefort, le discours s’ouvre encore à l’écriture scénaristique : l’autrice a débuté comme scénariste avant d’écrire des livres dans de nombreux genres de l’imaginaire. Même si les avis se rejoignent souvent, chacun apporte une vision, une couleur dira-t-on, le tout dans la bonne humeur qui rend le podcast passionnant à suivre.

Certains verront dans Procrastination une façon de progresser dans la mise en mots de leurs mondes imaginaires, d’autres une vision in vivo du genre et de ce que peut représenter l’aventure de création d’un livre. À suivre en tout cas, sans procrastiner, du moins pas au-delà du rythme d’un épisode toutes les deux semaines.

Le podcast peut être trouvé sur le site lioneldavoust.com, menu « ressources », chapitre « aide à l’écriture ».

Article paru dans le D’Ailleurs Infos N°34, janvier 2021.

Podcast SF romand à la Tribune

Des journalistes de la Tribune de Genève et 24 Heures se lancent dans le podcast SF, sur le thème de l' »après covid ». Plusieurs auteurs et autrices, lecteurs du journal, ont proposé des textes, mis en ligne chaque semaine.

« Le défi était de taille. Ils et elles ont raconté leurs rêves, leurs cauchemars, des visions d’apocalypse, des utopies, des récits de survivants, de rébellion, de fuite vers l’espace intersidéral. Et d’autres mondes encore. Ceci sans jamais perdre de vue ce qui fait une bonne histoire: captiver. »

Des textes lus par des comédiens et comédiennes romands, pour transmettre toute leur saveur. A découvrir sur leur site : Covid, les mondes d’après. Ou sur Spotify. Un podcast pensé et réalisé par Frédéric Thomasset, Alice Randegger et Fabrice Gottraux.

Robert Netz nous a quittés

Un de nos membres fondateurs, le journaliste Robert Netz, est mort d’un cancer le 14 mars 2020. Il avait présidé l’assemblée constitutive de l’AMDA, le 27 octobre 1988 à Yverdon-les-Bains. Né en 1939 à Lyon, il se maria en Tunisie en 1962, puis milita pour l’indépendance de l’Algérie. Avec sa femme et sa fille, il vint ensuite s’établir à Lausanne en 1968 où il rejoignit la rédaction de 24 Heures, qu’il ne devait plus quitter jusqu’à sa retraite, en 2004. Outre la science-fiction, il avait beaucoup d’autres intérêts. Durant les années 1970-80, il anima chaque samedi dans 24 Heures la « Chronique de l’étrange », qui traitait de parapsycho­logie, ufologie, sorcellerie, alchimie, cryptozoologie, etc. En 1997, il publia un « Que sais-je ? » sur l’Histoire de la censure dans l’édition. Au nom des membres de l’AMDA, nous présentons nos condoléances à sa femme Sylvie et à sa fille Tania.

Prix de l’Ailleurs 2021

Le Prix de l’Ailleurs lance sa 4ème édition. L’an 2021 testera vos imaginaires sur le thème de : Bifurcations !Et si… D’après nombre d’écrivaines et d’écrivains, toute la science-fiction tient dans ces deux petits mots. Plus qu’un simple appel au délassement de nos imaginaires, ils symbolisent la possibilité pour notre monde et pour nos vies, à chaque instant, de devenir autres. Et si… les puissances de l’Axe avaient en réalité gagné la Deuxième Guerre mondiale ? Et si… l’expérience anodine du rêve nous transportait un beau jour dans un autre corps, une autre conscience ? Et si… je n’étais soudain plus capable de distinguer un humain d’un robot, au point de tomber amoureux d’une machine ? Autant de bifurcations dans la trame apparemment linéaire de nos existences, dont les œuvres de science-fiction ont su s’emparer avec brio : du « Maître du haut Château » de Philip K. Dick (1954) au film Ex Machina d’Alex Garland (2015).

En 2021, l’équipe du Prix de l’Ailleurs vous propose d’explorer ces moments spécifiques où l’histoire et les individualités changent radicalement de trajectoire, pour le meilleur ou pour le pire, et dont le genre de l’uchronie incarne la forme la plus connue (mais pas la seule !). Ecrivain.e.s en herbe ou confirmé.e.s, nous invitons vos imaginations à bifurquer : de l’humain vers l’animal (et vice versa ?), de la raison vers la folie, du désenchantement au bonheur ! Autant de pistes pour honorer cette capacité propre à la science-fiction de faire réfléchir à une réalité alternative, afin peut-être de mieux appréhender la richesse de celle qui nous est propre.

La date pour rendre les textes est le 28 février 2021.

La taille limite a été revue à la hausse, à 40’000 signes espaces compris.Les textes sont à envoyer à l’adresse prix[at]ailleurs.ch

AppelAtexte_PdA_2021