Avant l’AMDA, la Maison d’Ailleurs

On ne saurait parler de l’AMDA sans, au préalable, résumer les chapitres précédant sa création.

L’histoire commence en 1976, quand l’écrivain et encyclopédiste français Pierre Versins offre à la ville d’Yverdon-les Bains la totalité de ses collections : 30’000 objets (livres, disques, cassettes vidéo, peintures, oeuvres d’art, jouets etc.) rassemblés selon le seul critère de sa passion pour l’utopie, la science-fiction et les voyages extraordinaires. La bibliothèque cédée par Pierre Versins compte à elle seule plus de 20’000 titres en 42 langues, dont un lot important d’ouvrages anciens.

Carte membre 2004

Carte membre 2004

Ce don inestimable est accepté par la Commune et son syndic socialiste Pierre Duvoisin, qui s’engagent à le préserver, à le mettre en valeur et à le compléter. Voici donc le fonds Versins érigé en bien public et hébergé par une cité de 20’000 habitants, sise au sud du lac de Neuchâtel, en Suisse francophone.

Les collections trouvent d’abord refuge dans un appartement de la rue du Four à Yverdon. Mais l’exiguïté des lieux et des subventions empêchent le développement espéré. Découragé, Pierre Versins quitte Yverdon en 1982. Son successeur Pascal Ducommun s’efforce, malgré un financement communal dérisoire, d’assurer l’ouverture épisodique du musée.

Cette précarité finit par préoccuper quelques édiles. Une commission se penche sur le sort du musée et fait une estimation impressionnante de ses richesses. Encouragée par le rapport des experts, la municipalité propose d’affecter un bâtiment rénové – les Anciennes Prisons – aux trésors jusqu’alors entassées rue du Four et d’attribuer à l’institution une important soutien financier. Le conseil communal approuve le préavis de l’exécutif à fin 1988.

Les lecteurs qui souhaitent en savoir plus sur les débuts du musée et, par la même occasion, faire plus ample connaissance avec l’homme qui est à son origine, peuvent consulter la page du site de la Maison d’Ailleurs. Les intéressés trouveront aussi de précieux témoignages sur l’auteur de L’Encyclopédie de l’Utopie et de la Science-fiction dans le livre hommage Il venait de Céphée – il s’appelait Versins, paru aux Editions L’Âge d’Homme, en 2003.

Constitution et lancement

Apprenant avec enthousiasme l’intention des autorités yverdonnoises de donner un nouvel essor à la Maison d’Ailleurs, cinq intéressés (Pascal Ducommun, Roger Gaillard, Robert Netz, François Rouiller et Jean-François Thomas) organisent une assemblée constituante et s’assurent l’appui de diverses personnalités. Un groupe fondateur composé d’amateurs de science-fiction et d’habitants du Nord vaudois se réunit le 27 octobre 1988 à Yverdon-les-Bains, vote des statuts et élit un comité de sept membres, chargé « de promouvoir sous toutes ses formes utopies, voyages extraordinaires et science-fiction » et, au premier chef, « d’assurer à la Maison d’Ailleurs publicité et audience, aux niveaux national et international ».

Le premier comité est alors composé de Madeline Dériaz, Pascal Ducommun, Roger Gaillard, Christophe Maffini (suppléant), Jean-Michel Margot et François Rouiller (président). L’AMDA était née.

Deux ans plus tard, l’AMDA, forte d’environ 200 membres, organise une série de conférences publiques à Yverdon, consacrées à Jules Verne (Jean-Michel Margot), aux rapports entre SF et soucoupes volantes (Bertrand Méheust) et à l’histoire de la SF en Suisse romande (Jean-François Thomas). L’association tient aussi un stand au Festival de la bande dessinée de Sierre (juin), où est présentée l’exposition Les Mondes d’Artima, montée par Roger Gaillard et son équipe.

Dès ses débuts, l’AMDA s’efforce de participer aux festivals, conventions et autres manifestations où la SF est à l’honneur. Ainsi, en 1992, l’association délègue des membres au Salon de la Petite Édition à Chamonix, à la Convention francophone de SF à Redu (Belgique) et à la Convention italienne de SF à Courmayeur. Cette présence active se traduit par la tenue de stands et la diffusion de matériel de promotion. Opérations qui font connaître plus largement le musée, suscitent de nouveaux soutiens et, concrètement, convainquent les sympathisants d’autres pays à adhérer à l’association. Fin 1992, la proportion de membres habitant d’autres contrées que la Suisse s’élève à près d’un quart des effectifs de l’AMDA. Des publications comme D’Ailleurs ou D’Ailleurs-Infos, une lettre d’information que l’association diffuse entre les éditions de son bulletin. assurent un contact régulier entre la Maison d’Ailleurs et ses Amis géographiquement éloignés.

Entrée au conseil de fondation

C’est le 28 août 1998 à Yverdon qu’est signé l’acte constitutif de la Fondation de la Maison d’Ailleurs. Cette séance, dûment notariée, marque officiellement l’entrée en vigueur du nouveau statut de l’institution. Elle inaugure aussi le mandat des membres du Conseil de Fondation, au nombre de sept, dont les deux représentants de l’AMDA. « La voix de la SF, ou tout au moins celle de l’AMDA, est reconnue par les autorités de la ville d’Yverdon et inscrite dans les statuts de la fondation. », se réjouit Félicie Girardin, alors présidente de l’association. « Cette voix se chargera de rappeler qu’il faut accorder priorité à la défense du domaine qui nous intéresse. »

L’acte confirme l’intangibilité des collections, celles-ci restant propriété publique, comme le souhaitaient Pierre Versins et l’AMDA. Il donne également mission à la Fondation de travailler dans les deux directions voulues par l’auteur de L’Encyclopédie de l’utopie et de la science-fiction, celles, complémentaires, d’un musée ouvert au grand public et d’un centre de recherche.

L’histoire ne s’arrête pas là… Pour en savoir plus, téléchargez la version (presque) complète de l’histoire de l’AMDA