Baisse des parutions BD SF/fantastique en 2014

Chaque fin d’année, l’association de journalistes ACBD (www.acbd.fr) fait le bilan de l’année écoulée en termes de production BD, avec divers tableaux et statistiques comparatives. L’analyse de la production par segments montre qu’en 2014, le nombre de BD relevant du genre de l’imaginaire (« SF/fantastique » selon l’énoncé, mais la fantasy est certainement considérée comme faisant partie du groupe) a diminué de 20 % par rapport à 2013 et atteint son niveau le plus bas (191 titres) depuis le début de l’étude, en 2001.

Source: Rapport ACBD, Gilles Ratier, www.acbd.fr

Un recul d’autant plus marquant que la production globale a fortement augmenté, doublant en 10 ans. Ainsi, si ce genre a longtemps figuré à la première marche en nombre de publications, il a rétrogradé en 2014 en 4ème position. En 2014, les genres « SFFF » (pour Science-Fiction, Fantasy, Fantastique) ont représenté 12,5 % de la production, contre 15,7 % en 2013 (avec une production comparable) mais 33,7 % en 2001 et 32 % en 2002.

Autrement dit, jusqu’en 2014, la production de BD SFFF ne suivait pas l’augmentation du volume général mais se maintenait dans une fourchette comprise entre 230 et 270 titres. Cette année, le décrochage a été net. Alors, petite année ou affaiblissement durable du nombre de ces parutions ? Il est encore trop tôt pour se prononcer. On peut en revanche tenter d’avancer des explications. Il y a d’abord eu c’est certain un engouement pour la fantasy après la sortie de l’adaptation au cinéma du Seigneur des Anneaux au début des années 2000. Peut-être que cet engouement commence à faiblir (cela malgré l’arrivée entre temps du Hobbit ou du Trône de Fer, ce qui serait paradoxal, mais on sait que l’engouement au cinéma ne se répercute pas automatiquement sur la production littéraire). Autre piste: la fusion de Soleil (grand éditeur de ce genre) et Delcourt. Mais l’absence de détails des sorties par éditeur ne permet pas d’étayer cette hypothèse sur la base des chiffres rendus publics. On notera par ailleurs qu’au sein des plus grosses productions, une série de fantasy figure néanmoins dans le top 10 : Les Légendaires des éditions Delcourt. Les autres locomotives du genre (Thorgal, Sillage, Trolls de Troy et leurs dérivés respectifs) sont un peu plus loin derrière.

Le genre a-t-il moins la cote ? Il faudrait voir si le nombre de romans SFFF est également en net recul pour savoir si la tendance est plus globale. Mais la question se pose assurément, et la réponse est sans doute affirmative. On sait la SF en pertes de vitesse depuis plusieurs années, mais le recul général des genres de l’imaginaire a de quoi interpeller. Même si la baisse du nombre de titres n’est pas forcément une mauvaise nouvelle en soi : la quantité ne fait pas la qualité, et si les séries restantes sont les plus intéressantes et inspirées, les amateurs n’y ont pas forcément perdu au change.