Pierre Versins aurait eu 100 ans…

Cette année, nous fêtons le centenaire de la naissance de Pierre Versins, fondateur de la Maison d’Ailleurs. De son vrai nom Jacques Chamson, il naît le 12 janvier 1923 à Strasbourg. En 1944, il est arrêté pour avoir voulu rejoindre la Résistance et déporté dans divers camps de concentration, dont Auschwitz et Buchenwald. À sa libération, il ne pèse plus que 38 kg. En 1948, La Chaîne du Bonheur lui permet d’obtenir un séjour dans une clinique de Leysin pour soigner une tuberculose osseuse. C’est là qu’il rencontre une secrétaire française, Martine Thomé, avec laquelle il se marie en décembre 1948.

En 1951, inspiré par le phénomène des soucoupes volantes, il publie « L’invasion des discoboles » (1) en feuilleton dans l’hebdomadaire lausannois Radio-Je vois tout. C’est à cette occasion qu’il choisit le pseudonyme de Versins, souvenir d‘une ancienne adresse parisienne, rue Vercingétorix. En 1954, Radio-Genève diffuse sa première pièce radiophonique de SF, Cybernetics, prélude à la série Passeport pour l’inconnu, diffusée de 1957 à 1973.


Le livre-hommage de l’AMDA (Il venait de Céphée, il s’appelait Versins, L’Âge d’Homme, 2003) est toujours disponible à la boutique du musée.

En 1956, il fonde à Lausanne le Club Futopia et le bulletin Ailleurs, qui existeront durant cinq ans. En 1972, L’Âge d’Homme publie sa monumentale Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction. Dans l’entrée qu’il se dédie dans ces pages, Versins annonce qu’il mourra centenaire…Publiée à 3500 exemplaires, la première édition est rapidement épuisée. Une deuxième sera publiée en 1984. Des traductions anglaise et italienne étaient prévues, mais ces projets tombèrent à l’eau.

Après Leysin, Lausanne, Prilly et Rovray (près d’Yverdon), Versins s’établit enfin à Yverdon, rue du Four 5, en 1976. C’est là que sera inaugurée la Maison d’Ailleurs, le 1er mai 1976. Versins est logé par la municipalité, mais ne reçoit pas de salaire. Il vit de sa pension d’ancien déporté. Le franc français se dépréciant de plus en plus par rapport au franc suisse, Versins est contraint de rentrer en France en 1981. Il s’installe d’abord à Avignon, puis à Paris, Saint-Malo et, finalement, retourne à Avignon où il s’éteint le 19 avril 2001.

(1) À découvrir sur notre site : www.amda.ch/discoboles